Source: IMF in French
le 20 juin 2025
- Le Conseil d’administration du FMI a conclu aujourd’hui la troisième revue dans le cadre de l’accord de la facilité élargie de crédit (FEC) du Burkina Faso. L’achèvement de cette revue permet le décaissement immédiat d’environ 32.8 millions de dollars US.
- Des mesures de soutien et des conditions météorologiques favorables ont stimulé la production agricole en 2024. Cependant, l’insécurité généralisée continue de peser sur l’activité économique dans d’autres secteurs, en particulier l’exploitation aurifère, principale source de recettes d’exportation du pays.
- Les résultats obtenus dans le cadre du programme ont été globalement satisfaisants. Alors que les critères de réalisation à fin décembre 2024 pour les plafonds sur le déficit budgétaire primaire et le financement intérieur net ont été dépassés de 0,6 % du PIB, le budget 2025 prévoit des mesures correctives adéquates. Dans ce contexte, le Conseil d’administration du FMI a approuvé des dérogations pour ces critères de réalisation non atteints. Tous les critères de réalisation continus ont été satisfaits. Sept des huit repères structurels ont été atteints, et le dernier a été mis en œuvre ultérieurement à titre de mesure préalable.
Washington. Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé la troisième revue de l’accord de 48 mois approuvé le 21 septembre 2023 au titre de la facilité élargie de crédit (FEC). L’achèvement de la revue ouvre la voie au décaissement immédiat de 24,08 millions de DTS (environ 32.8 millions de dollars US), ce qui porte le total des décaissements du FMI au titre de l’accord à 96,32 millions de DTS (soit environ 131.3 millions de dollars).
D’après les estimations, la croissance du PIB réel a atteint 5,0 % en 2024. La forte croissance enregistrée dans l’agriculture et les services a compensé la contraction observée dans les industries extractives et le secteur manufacturier. La croissance du PIB réel devrait s’établir à 4,2 % en moyenne en 2025, un ralentissement de la croissance de la production agricole étant attendu face à un retour à la normale des conditions pluviométriques. L’inflation devrait reculer pour à 3,0 % en 2025 grâce à la modération des prix des denrées alimentaires.
La balance des paiements s’est renforcée, reflétant une évolution favorable des termes de l’échange. Le déficit du compte courant s’est creusé, passant de 5,0 % du PIB en 2023 à 5,7 % en 2024, mais il devrait être ramené à 3,4 % en 2025 en raison des niveaux records du prix de l’or. Les perturbations qui touchent la politique commerciale n’auront probablement qu’un impact marginal puisque les États-Unis ne sont pas un partenaire commercial majeur.
Le niveau élevé des dépenses d’équipement a pesé sur les résultats budgétaires en 2024. Le déficit budgétaire global s’est toutefois résorbé de 6,7 % du PIB en 2023 à 5,8 % en 2024. Sur la base du budget 2025, on peut s’attendre à un resserrement notable de la politique budgétaire en 2025, le déficit budgétaire global devant se situer dans une fourchette de 3,3 %à 4,0 % du PIB, en fonction des financements concessionnels extérieurs disponibles. Une révision à la baisse des perspectives pourrait subvenir en raison des menaces terroristes.
« Dans l’ensemble, les progrès accomplis dans le cadre de l’accord appuyé par la FEC ont été satisfaisants. En raison des tensions budgétaires survenues en fin 2024, les critères de réalisation à fin décembre relatifs au déficit budgétaire primaire et au financement intérieur net ont été manqués de 0,6 % du PIB, alors que tous les autres critères de réalisation ont été respectés. Trois des six objectifs indicatifs ont été manqués de peu. Tous les trois critères de réalisation continus et cinq objectifs indicatifs à fin mars 2025, notamment sur le déficit budgétaire primaire et le financement intérieur net, ont été atteints, tandis que les quatre autres objectifs indicatifs ont été manqués de peu.
Les autorités burkinabè ont fait des progrès dans leur agenda de réformes structurelles dans le cadre du programme. Elles ont atteint sept des huit repères structurels. Le repère structurel relatif à l’élaboration d’un plan d’apurement des arriérés intérieurs, qui n’a pas été atteint, est devenu une mesure préalable pour la troisième revue. Les autorités ont également mis en œuvre deux autres mesures préalables : elles ont communiqué une liste des comptes de dépôt du Trésor et apuré tous les arriérés intérieurs impayés à fin 2023. Trois nouveaux repères structurels dans le cadre du programme visent à renforcer la gouvernance des marchés publics, à maintenir l’intégrité dans l’administration des recettes et à mieux contrôler la masse salariale de la fonction publique.
À l’issue de la réunion du Conseil d’administration, M. Kenji Okamura, directeur général adjoint et président par intérim, a fait la déclaration suivante :
« L’économie du Burkina Faso a fait preuve de résilience malgré les problèmes de sécurité, les chocs climatiques et une situation difficile sur le plan humanitaire. Pour que le climat socioéconomique s’améliore de manière durable, il faudra progresser dans la mise en œuvre des réformes structurelles et dans le domaine de la sécurité, afin de favoriser la diversification, la gouvernance budgétaire et la résilience.
« Si le cadre de politique macroéconomique demeure solide, les tensions budgétaires ont eu une incidence sur les résultats du programme en 2024. Pour la première fois, et dans des circonstances difficiles, les critères de réalisation relatifs au déficit budgétaire primaire et au financement intérieur net n’ont pas été atteints. Bien que non négligeable, la marge de non-respect n’a pas remis en cause la tendance à l’assainissement des finances publiques. Les autorités ont compensé ce dérapage par des mesures fermes du côté des dépenses et elles restent déterminées à ramener le déficit budgétaire global à 3 % du PIB d’ici la fin du programme soutenu par la FEC, tout en préservant une marge de manœuvre budgétaire pour les dépenses sociales de lutte contre la pauvreté. Cet engagement est reflété dans le budget 2025 et dans les résultats budgétaires jusqu’à fin mars.
« Les autorités sont sur la bonne voie et ont élargi leur programme de réforme structurelle, notamment en mettant l’accent sur la transparence et la gouvernance budgétaire. Elles ont fourni une liste des comptes de dépôt du Trésor, adopté un plan d’apurement des arriérés et apuré tous les arriérés intérieurs à fin 2023 à la suite de l’audit. Ces mesures s’appuient sur les conclusions préliminaires de l’évaluation diagnostique de la gouvernance du FMI. Le rapport sur la mission d’évaluation diagnostique de la gouvernance est en cours de finalisation. Les autorités prévoient de publier le rapport final dans les semaines à venir et d’adopter, dans les quatre mois suivant la publication, un plan d’action tenant compte de ses principales recommandations. La conditionnalité structurelle pour la cinquième revue a été augmentée avec l’ajout de repères sur la mise en œuvre du plan d’action issu de l’audit des marchés publics, et le renforcement du contrôle de la masse salariale et de la gouvernance de l’administration fiscale. »
Tableau 1. Burkina Faso : principaux indicateurs économiques et financiers, 2023–29 |
|||||||||
Population (2023) : 23,3 millions |
Coefficient de Gini (2021) : 37,4 |
||||||||
PIB par habitant (2023) : 910 USD |
Espérance de vie (années) : 60 |
||||||||
Pourcentage de la population sous le seuil de pauvreté (2022) : 43,7 % |
Taux d’alphabétisation (2022) : 34 % |
||||||||
2023 |
2024 |
2024 |
2025 |
2025 |
2026 |
2027 |
2028 |
2029 |
|
Réel |
2e revue FEC |
Prél. |
2e revue FEC |
Proj. |
Proj. |
Proj. |
Proj. |
Proj. |
|
(Variation annuelle en %, sauf indication contraire) |
|||||||||
PIB et prix |
|||||||||
PIB à prix constants |
3.0 |
4.2 |
5.0 |
4.3 |
4.2 |
4.9 |
4.7 |
4.7 |
4.7 |
Déflateur du PIB |
2.0 |
7.2 |
8.9 |
5.6 |
5.9 |
4.0 |
3.3 |
2.8 |
2.3 |
Prix à la consommation (moyenne annuelle) |
0.7 |
3.6 |
4.2 |
3.0 |
3.0 |
2.5 |
2.1 |
2.0 |
2.0 |
Prix à la consommation (fin de période) |
1.0 |
3.4 |
4.9 |
2.8 |
3.0 |
2.5 |
2.1 |
2.0 |
2.0 |
Monnaie et crédit |
|||||||||
Avoirs intérieurs nets (système bancaire) 1/ |
5.3 |
18.7 |
0.4 |
14.7 |
6.1 |
8.8 |
8.7 |
7.5 |
7.0 |
Avoirs intérieurs nets (système bancaire) 1/ |
3.0 |
9.8 |
3.7 |
8.1 |
3.8 |
3.4 |
3.3 |
2.3 |
2.1 |
Crédit au secteur privé |
5.9 |
13.1 |
-2.2 |
9.5 |
2.6 |
8.2 |
8.3 |
7.9 |
7.5 |
Monnaie au sens large (M3) |
-3.0 |
20.8 |
7.2 |
15.6 |
6.1 |
9.1 |
8.1 |
7.6 |
7.1 |
Crédit au secteur privé/PIB |
31.6 |
30.7 |
27.0 |
30.5 |
25.1 |
24.9 |
24.9 |
25.0 |
25.1 |
Secteur extérieur |
|||||||||
Exportations (f.à.b. ; valeur en FCFA) |
-3.1 |
10.5 |
2.0 |
10.5 |
25.3 |
7.8 |
5.3 |
4.2 |
2.7 |
Importations (f.à.b. ; valeur en FCFA) |
-1.5 |
5.3 |
4.8 |
3.5 |
10.8 |
6.3 |
6.5 |
6.4 |
5.7 |
Compte des transactions courantes (pourcentage du PIB) |
-5.0 |
-5.2 |
-5.7 |
-3.5 |
-3.4 |
-3.1 |
-3.4 |
-3.7 |
-4.4 |
(En pourcentage du PIB, sauf indication contraire) |
|||||||||
Finances de l’administration centrale |
|||||||||
Recettes courantes |
20.6 |
20.1 |
20.6 |
18.6 |
19.8 |
20.1 |
20.4 |
20.8 |
20.9 |
dont : recettes fiscales |
18.2 |
17.8 |
18.3 |
16.9 |
18.1 |
18.4 |
18.8 |
19.1 |
19.3 |
Total dépenses et prêts nets |
29.0 |
26.3 |
27.7 |
24.1 |
25.0 |
24.7 |
24.6 |
24.9 |
25.1 |
dont : dépenses courantes |
17.9 |
16.5 |
16.3 |
15.4 |
16.0 |
15.5 |
15.1 |
14.7 |
14.3 |
Solde budgétaire global, dons incl. (engagements) |
-6.7 |
-5.0 |
-5.8 |
-4.3 |
-4.0 |
-3.5 |
-3.0 |
-3.0 |
-3.0 |
Dette publique totale 2/ |
56.2 |
53.0 |
56.9 |
52.2 |
56.1 |
55.0 |
54.0 |
53.0 |
52.3 |
dont : dette extérieure |
25.9 |
23.7 |
25.4 |
22.2 |
24.8 |
24.0 |
23.7 |
23.3 |
23.1 |
dont : dette intérieure |
30.3 |
29.4 |
31.6 |
29.9 |
31.3 |
30.9 |
30.3 |
29.7 |
29.2 |
Pour mémoire : |
|||||||||
PIB nominal (milliards de FCFA) 3/ |
12,328 |
14,330 |
14,098 |
15,791 |
15,561 |
16,973 |
18,355 |
19,755 |
21,153 |
PIB nominal par habitant (USD) |
874 |
990 |
975 |
1,050 |
1,002 |
1,063 |
1,120 |
1,175 |
1,227 |
Taux de change nominal (FCFA/USD, moyenne période) |
606 |
602 |
606 |
598 |
635 |
637 |
637 |
637 |
637 |
Cours de l’or (USD/once troy) |
1,943 |
2,342 |
2,387 |
2,608 |
2,821 |
2,963 |
3,096 |
3,198 |
3,244 |
Sources : autorités burkinabè ; estimations et projections des services du FMI. |
|||||||||
1/ En pourcentage de la monnaie au sens large en début de période. |
|||||||||
2/ Les données de la dette publique totale de la 2e revue ont été ajustées rétroactivement pour corriger une erreur de calcul du taux de change à compter de 2023. En outre, le dénominateur (PIB) dans le tableau a été révisé (voir note 3 ci-dessous). Auparavant, la dette publique totale en 2024 était estimée à 52,6 % du PIB, alors qu’elle avait atteint 53,6 % du PIB en 2023. |
|||||||||
3/ Les chiffres historiques du PIB nominal ont été revus à la baisse, suite à la dernière publication d’estimations officielles par l’Institut national de la statistique. |
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