Vanuatu : les services du FMI achèvent leur mission de 2025 au titre de l’article IV

Source: IMF in French

le 22 juillet 2025

Les communiqués de presse de fin de mission contiennent des déclarations des services du FMI qui rendent compte de leurs conclusions préliminaires après leur visite dans un pays. Les opinions exprimées dans ces déclarations sont celles des services du FMI et ne sont pas nécessairement celles de son conseil d’administration. À partir des conclusions préliminaires de cette mission, les services du FMI établiront un rapport qui, sous réserve de l’approbation de la direction, sera présenté au conseil d’administration pour examen et décision.

  • L’économie devrait se redresser progressivement, avec des projections de croissance du PIB réel de 1,6 % en 2025 et de 2,6 % en 2026. Cependant, ces prévisions sont toujours susceptibles d’être révisées à la baisse compte tenu du niveau élevé d’incertitude entourant les perspectives économiques.
  • Le déficit budgétaire devrait se creuser en 2025 en raison de la baisse des recettes et de la hausse des dépenses liées au séisme. Pour préserver la viabilité de la dette, il convient d’améliorer le dosage de la politique budgétaire, en privilégiant les dépenses consacrées à une aide ciblée aux ménages vulnérables et à la reconstruction des infrastructures essentielles, tout en menant avec détermination un assainissement budgétaire à moyen terme.
  • Le renforcement de la gouvernance et la réduction de la corruption demeurent des priorités absolues. La mise en œuvre effective de la loi sur les entreprises commerciales publiques contribuera à améliorer leur surveillance et leurs résultats, tandis qu’un contrôle financier plus rigoureux est nécessaire pour réduire le niveau élevé de prêts improductifs et renforcer la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Il convient de prendre des mesures pour pallier les pénuries de main-d’œuvre et de compétences et faire face aux risques climatiques, notamment grâce à des investissements dans l’éducation et la résilience.

Washington, D.C.. Une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par M. Mike Li, a mené du 10 au 23 juillet 2025 des entretiens dans le cadre des consultations de 2025 au titre de l’article IV avec les autorités de Vanuatu et divers partenaires. Au terme des entretiens, M. Li a fait la déclaration suivante :

« Après avoir connu un net ralentissement l’an dernier, la croissance de Vanuatu devrait progressivement se redresser pour atteindre 1,6 % en 2025 puis 2,6 % en 2026. La capitale a été frappée par un violent séisme en décembre 2024, qui est intervenu après la liquidation d’Air Vanuatu en mai 2024 et le déferlement de trois cyclones en 2023. L’inflation globale est revenue dans la fourchette cible fixée par la Banque de réserve de Vanuatu (RBV) et devrait légèrement augmenter tout en restant à l’intérieur de cette fourchette, bien que des risques de hausse subsistent. Le déficit budgétaire devrait se creuser en 2025 sous l’effet d’une baisse des recettes et d’une hausse des dépenses consacrées à la reconstruction et à l’aide apportée aux ménages après le séisme. Le déficit courant devrait rester élevé en 2025 en raison de l’augmentation des importations, tandis que les réserves de change devraient rester à un niveau adéquat, grâce aux dons extérieurs, aux envois de fonds et à une reprise progressive des recettes touristiques, bien que cette tendance soit orientée à la baisse.

« Cependant, l’incertitude entourant les perspectives économiques reste élevée et la balance des risques est orientée à la baisse. Bien que l’ampleur réelle des répercussions reste à déterminer, la trajectoire de la reprise après le séisme et les perspectives du secteur du tourisme demeurent très incertaines. Les incertitudes relatives à la connectivité intérieure, un effondrement plus marqué ou plus durable des recettes tirées du programme de citoyenneté économique, des retards dans la reconstruction ou encore des chocs sur la demande extérieure, notamment liés aux tensions commerciales mondiales actuelles, pourraient peser plus fortement sur la croissance, les recettes publiques et les réserves de change. Vanuatu est également exposé à un risque élevé de catastrophes naturelles, à des pénuries de main-d’œuvre qualifiée, à des faiblesses de gouvernance et à une fragmentation politique qui accentuent les vulnérabilités.

« L’aide budgétaire apportée après le séisme devrait être soigneusement ciblée et s’inscrire dans une stratégie ambitieuse d’assainissement budgétaire à moyen terme afin de préserver la viabilité de la dette. Compte tenu de la marge d’action budgétaire limitée, les dépenses devraient être hiérarchisées et mieux ciblées, en privilégiant la reconstruction des infrastructures essentielles et la protection des ménages vulnérables, tout en limitant les augmentations discrétionnaires des salaires de la fonction publique. Un effort accru dans la mobilisation des recettes, tel que prévu dans le budget 2025, et une rationalisation globale des dépenses sont nécessaires pour reconstituer les marges de manœuvre budgétaires à moyen terme. Le renforcement des initiatives visant à développer les marchés nationaux des obligations souveraines contribuera à offrir une solution de financement stable aux administrations publiques.

« La politique monétaire est globalement appropriée. En juin 2025, la RBV a maintenu son taux directeur afin de soutenir la reprise économique dans un contexte marqué par des perspectives d’inflation stables et des réserves de change toujours adéquates. La supervision interne, la gouvernance et l’indépendance de la RBV seront encore renforcées grâce aux réformes législatives en cours visant à modifier la loi sur la RBV afin de l’aligner sur les meilleures pratiques. Ces réformes prévoient notamment l’élimination progressive du financement monétaire afin de renforcer l’indépendance de la banque centrale et d’éviter d’évincer le crédit privé de qualité.

« Le secteur financier reste stable dans l’ensemble, mais des garde-fous plus solides sont nécessaires contre les facteurs de vulnérabilité. La persistance d’un niveau élevé de prêts improductifs met en évidence la nécessité de consolider les cadres prudentiels et les capacités de surveillance, notamment en procédant à des inspections régulières sur place, en appliquant des critères stricts de souscription et en constituant un provisionnement adéquat. Il convient aussi de redoubler d’efforts pour atténuer les risques associés à l’interdépendance entre banques et États et ceux liés aux chocs sur la liquidité en devises. La mise en place d’un cadre de résolution pour les institutions financières en difficulté est primordiale à la stabilité du système financier.

« Il demeure essentiel de renforcer l’intégrité financière, la gouvernance et la lutte contre la corruption. Cela passe notamment par la mise en œuvre de la loi sur les entreprises commerciales, et ce afin d’améliorer la surveillance et les résultats des entreprises publiques face aux pressions politiques, de combler les lacunes dans la gestion des finances publiques et de renforcer les dispositifs de lutte contre la corruption. Il est indispensable d’adopter une approche fondée sur les risques pour la surveillance de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, tout en favorisant le renforcement des capacités institutionnelles afin de remédier aux lacunes, notamment dans les domaines à haut risque, tels que les programmes de citoyenneté économique et les actifs virtuels.

« Des efforts coordonnés sont nécessaires pour relever les défis structurels, tels que les pénuries de main-d’œuvre et de compétences ou encore les risques liés au climat. La promotion de l’investissement dans une éducation et une formation professionnelle de qualité, la création d’un environnement économique favorable à l’entrepreneuriat et la création d’emplois, et l’augmentation de la participation des femmes au marché du travail formel demeurent des priorités essentielles poursoutenir une croissance inclusive. Pour s’adapter au changement climatique, il est notamment nécessaire d’investir dans des infrastructures résilientes et des systèmes d’alerte précoce, tout en élargissant l’accès à l’aide internationale et au financement climatique.

« L’équipe du FMI tient à remercier les autorités pour leur franchise et la qualité de leurs contributions, ainsi que pour leur accueil chaleureux ».

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